mercredi 26 septembre 2007

Stephane Colman, De la Terre à la Lune, interview par Christine BLANC

L'art dans la famille de Stéphane Colman c'est une histoire vieille de plusieurs générations! Robert Crommelinck, le grand père de Stéphane s'est interessé très tot à la peinture grace à son père, ébéniste, menuisier et peintre amateur. Les oeuvres de Robert Crommelinck sont nombreuses et variées. Son art principal est la peinture, mais il s'est essayé à d'autres techniques comme la gravure, le dessin, l'aquarelle ou encore la fresque. Son petit fils, Stéphane Colman, lui aussi s'est intéressé à l'art, attiré très jeune par les peintures de son grand père. Ses premières planches datent de 1976 (pour Jijé, Joseph Gillain, dessinateur belge de BD et pilier du journal Spirou). Il a alors 15 ans. Puis Stéphane Colman suit des cours à l'Académie des Beaux-Arts de Liège. En 1980, il dessine trois histoires de Marsouin Pedzouille dans Aïe ! En 1982, il réalise pour Spirou une histoire de 20 pages avec le scénariste Stephen Desberg. Après des travaux publicitaires, et dans le stylisme, on le retrouve avec Billy The Cat en 1987, Dans la peau d'un Chat...
Aujourd'hui Stephane est scénariste pour le Marsupilami, mais lui aussi a fait un bond dans la Quatrième Dimension, en travaillant sur les keyarts de Fly Me To The Moon.

Stéphane COLMAN, comment devient-on scénariste de BD ?
C’est avant tout l’envie de raconter des histoires, de créer un univers, d’inventer des aventures de personnages de façon littéraire et de les proposer à un dessinateur.

(c’est à ce moment qu’Eric Maltaite ajoute : « c’est un ‘serial conteur’. Même entre nous, il n’arrête pas de raconter des histoires !’)

C’est aussi une histoire d’amitié, de rencontres, avec Eric et avec Luc (Batem). En ce qui concerne la formation, souvent, on peut trouver des cours de scénario dans les écoles de bd ou à Angoulème, mais moi, j’ai plutôt appris sur le tas.

Quand et comment avez-vous commencé en tant que scénariste ?
J’ai commencé en 1978 à écrire mon propre scénario, puis j’ai continué en 1981 pour un album d’Eric.

Comment se concocte un scénario de bd ?
C’est quelque chose de très spécifique, avec un rythme différent du scénario de dessin-animé par exemple. Il faut trouver la bonne balance entre l’action, le narratif et les repos, comme dans une partition de musique. De plus, il faut impérativement caser ce que l’on a à dire en 44 pages. Je me souviens qu’un jour, j’avais demandé à l’un des directeurs de Dupuis, Philippe Van Doren, s’il était possible d’envisager un Billy The Cat en deux volumes. Il m’a répondu, « Oui, mais un sculpteur n’a qu’un seul bloc de marbre à sculpter, et il ne peut rien rajouter. Ces 44 pages c’est ton bloc. Le chef d’œuvre existe là dedans ». J’ai donc considéré cette contrainte comme un outil, pour éviter de se perdre.

Comment se passe votre collaboration avec Batem sur le Marsupilami ?
J’aime lui rendre mes 44 pages en une fois. Nous discutons bien. Je le tiens au courant de mes idées, mais je ne lui montre jamais rien avant d’avoir terminé. De plus la particularité de mes scénarios, c’est qu’ils sont entièrement dessinés. Je serais incapable de faire un scenario sans dessin. Cela vient probablement du fait que je suis dessinateur. Je fais même une couverture avec le titre ! Quand je commence un scénario, l’idée de la fin est claire à 60%. Mais des modifications sont toujours possibles. Je vais chez Luc, je passe deux heures à lui raconter l’histoire, et je fais totalement autre chose. Mais rien n’est jamais perdu. Le principal est de faire plaisir à Luc. Le dessinateur passe 7 à 9 mois sur une histoire. Il faut vraiment qu’il s’amuse pour pouvoir transmettre son plaisir au lecteur.




Quel est votre rythme de travail ?
Luc et moi faisons un album par an. Il est d’ailleurs entrain de dessiner mon troisième scénario. Il en est à la douzième ou quatorzième page. Et quand il en sera à la page 25, je sais que je devrais me mettre à l’écriture d’un nouveau scénario. Il me faut 2/3 mois pour en écrire un. J’ai un tempérament plutôt rêveur et contemplatif. Entre deux scénarios ou deux albums, je peux rester beaucoup de temps à ne rien faire. Mais quand je m’y mets, je peux faire des journées de 18 heures d’affilée.

Comment définiriez-vous votre Marsu ?
Le Marsu est un personnage extrêmement difficile à saisir. Il ne parle pas, et surtout il ne pense pas. Il est donc extrêmement difficile de construire une aventure autour de cela. C’est très « casse gueule », il faut vraiment trouver un ressort particulier. C’est ce qui fait que le Marsu est un gros consommateur de scénaristes. Franquin a eu une idée magistrale, celle décrire la vie du Marsupilami.


Maintenant que c’est fait, il faut impérativement trouver autre chose. Quelque chose pour l’embêter ou pour l’attraper, car sinon il resterait dans sa forêt et il ne se passerait rien ! J’ai lu dans des forums que l’on me reprochait de trop utiliser ce ressort de la « Chasse au Marsu », ce qui fait que dans les 2 albums suivants on ne le chasse pas. Mais cela reviendra sans aucun doute. Quand j’ai abordé ce personnage, je me suis dit « je veux retourner dans la forêt ». C’est ce qui m’a aidé. J’ai aussi voulu mettre les indiens Chahuata et l’aspect Chamanique en avant. Cela a vraiment apporté une autre dimension. J’ai donc fait des recherches sur le sujet, je suis allé sur des sites internet de légendes amazoniennes. J’ai ainsi utilisé des structures de récits utilisé par les indiens. J’ai aussi ajouté des animaux étranges d’Amérique du Sud. C’est ainsi que le Marsupilami est redevenu le roi de la jungle. C’est une sorte de retour aux sources.


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